La pénurie de médecin en France est un sujet épineux qui ne date malheureusement pas d’hier. Elle résulte de nombreux facteurs tels que le manque d’attractivité des zones rurales, les conditions de travail peu avantageuse et l’absence de mesures incitatives pour encourager les étudiants à s’intéresser davantage à la chose. Cette situation entrave la qualité des soins et met en péril la santé de nombreux citoyens.
À cet effet, il convient d’explorer les causes profondes en vue d’envisager des approches de solutions concrètes pour pallier le problème.
L’échec du numérus clausus
Depuis plusieurs décennies, la question du nombre anime la politique de régulation en médecine avec la peur de la pléthore et de la pénurie. Il est en effet de plus en plus difficile de trouver son médecin traitant et encore davantage, en cas d’urgence, de réserver une consultation dans un cabinet médical de garde.
C’est ainsi qu’en 1971, le législateur prend la décision de couper les vannes en instaurant le numerus clausus pour pallier le surnombre d’aspirants en médecine par rapport au besoin existant.
Cette mesure visait également à réduire les dépenses de santé et à limiter la concurrence entre les fonctionnaires opérant dans le domaine.
Malheureusement, son efficacité n’a pu s’insérer dans la durée. La régulation n’étant pas flexible, elle s’est révélée inadéquate avec le besoin changeant de la population, malgré une augmentation continue du quota d’étudiants admis en médecine depuis deux décennies.
Ce qui conduit aujourd’hui au manque de médecins dans de nombreuses régions, notamment dans les zones rurales et dans les quartiers défavorisés des grandes villes.
Pour autant, il serait absurde d’associer la pénurie dévastatrice qui prévaut aujourd’hui dans l’hexagone à une seule cause.
Les difficultés de recrutement et de formation des aspirants ainsi que les conditions de travail parfois moins intéressantes vis-à-vis de la concurrence internationale sont également des raisons du manque de personnel soignant.
Le vieillissement de la population médicale
En France, la population médicale est de plus en plus vieille. Une étude menée en 2019 sur cette question, révèle que plus de 33 % de médecins sont concernés. Une hausse de 9 % par rapport à 2010 !
Cela est notamment dû à la politique dévoyée de l’État dans le domaine de la santé, qui a prévalu pendant plusieurs décennies, mais aussi à la longue durée de formation des médecins.
Chez les généralistes par exemple, presque la moitié de leur effectif a plus de 60 ans. Cette situation pose un gros problème, surtout dans les zones rurales où sont localisées la majorité des spécialistes les plus âgés qui, une fois retirés, laissent vacant leur poste pendant plusieurs mois.
Même si l’État a pris des mesures importantes pour encourager les jeunes médecins à s’installer dans les zones éloignées, il reste encore beaucoup à faire pour s’assurer que tous les citoyens puissent accéder aux soins de santé quand besoin se présente.
Des conditions de travail peu adaptées
Après une décennie d’apprentissage intense, les médecins, une fois projetés dans le milieu professionnel, se retrouvent très vite confrontés à une charge de travail plus étouffante.
Ils doivent s’occuper d’un grand nombre de patients et prendre des décisions importantes sur leur santé. Et comme le nombre de professionnels est déjà assez limité pour répondre à la forte demande de la population, les médecins peuvent avoir jusqu’à 3 fois plus de patients. Cela rallonge les consultations et ajoute plus de travail administratif.
Cette pression accumulée avec le temps peut devenir facteur de stress chez la plupart des professionnels qui finissent par faire un burn out. La conséquence se ressent immédiatement sur leur rendement au travail.
Enfin, malgré les nombreux efforts exigés de la part du personnel soignant, la contrepartie n’est pas plus avantageuse. Les médecins en France gagnent moins d’argent comparativement à leurs homologues d’autres pays. Ce qui pousse d’ailleurs certains à s’expatrier pour exercer dans de meilleures conditions et contre des rémunérations plus juteuses.
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